mercredi 22 avril 2020

2020 : étrange année ...


La saison littéraire commence toujours après la trêve hivernale dans le courant de mars... (février pour les petits salons du Nord-Pas-de-Calais où je ne me rends plus)

Cette année, je me suis uniquement rendue à la Foire du Livre de Bruxelles au début d'une période très floue où les prémices de la pandémie répondaient déjà aux échos de la situation chinoise.
Ce fut ma première et unique sortie !

La foire du livre fût déjà fort différente par rapport à l'an passé avec l'application du gel hydro alcoolique à l'entrée, des étals réduits et une ambiance triste suite à l'annonce de l'annulation du salon du livre de Paris ... le fait que les participants ignoraient encore s'ils seraient remboursés et sachant déjà que tous les frais accessoires déjà encourus seraient définitivement perdus (frais de déplacement, hébergement, etc). C'était donc une perte sèche pour maisons d'éditions et auteurs ...

Beaucoup de visiteurs avaient aussi renoncés à se rendre à Bruxelles, seuls les passionnés et lecteurs assidus dont je fais partie osaient encore faire le déplacement. Rétrospectivement, ce ne fut pas vraiment plus mal : débarrassés des promeneurs et simples curieux, les vrais intéressés et acheteurs eurent davantage la possibilité de s'approcher des auteurs et découvrir les nouveautés. Cette édition fut dès lors une bonne cuvée qui remis du baume au cœur aux participants : moins de monde mais plus d'acheteurs et des rentrées financières intéressantes pour compenser les pertes à venir.
Personnellement, j'ai profité une dernière fois de l'amitié de certains auteurs, la cordialité des relations avant de tomber dans ce qui ressemble de plus en plus à une hibernation ... printanière.

Depuis la mi-mars, le confinement a été déclaré dans la plupart des pays européens, certaines frontières ont été fermées et toutes les activités ont été annulées ! Exit les rendez-vous que j'attendais impatiemment tel le salon de Bondues où j'avais prévu un budget conséquent pour me faire plaisir (j'ai cependant été assez inspirée pour acheter dès Bruxelles les livres que je voulais à tout prix ... malgré le fait que je prenais les transports en commun et que je devrais assumer le poids de ceux-ci)

Nous vivons une époque étrange qui ne trouve d'équivalence qu'avec la pandémie de la grippe espagnole ... d'après les historiens, celle-ci pourrait être pire d'autant que les pays ont tardé à réagir et aucun gouvernement n'était préparé à une situation sanitaire aussi grave. La Belgique étant toujours sans gouvernement, la situation belge est devenue alarmante.
Les écoles, les crèches sont fermées; les entreprises ont généralisé le télétravail (même celles qui n'y étaient pas favorables - question de confiance ou plutôt de méfiance à l'égard de leur personnel) et toute sortie est réglementée voire interdite.

Confinée comme tout le monde chez moi, travaillant à distance dans un espace que je dois partager et qui n'a pas été conçu pour 2 télétravailleurs (on était sensé travailler en décalé); la vie s'est organisée en ne conservant que les relations virtuelles.

Nous vivons une situation inédite et je dois avouer que je suis bien consciente de faire partie des privilégiés. Je ne suis pas seule, les relations familiales sont cordiales et la présence constante des enfants que j'ai éduqués de mon mieux n'est nullement dérangeante. Vivre 24h/24 avec le compagnon que j'ai choisi est agréable et je savoure chaque jour les câlins de mes petits. Le fait de pouvoir travailler à distance sans perte de salaire m'autorise un confort de vie que tous n'ont pas. 
Certes, je déplore la perte de certaines personnes, j'assiste par vidéoconférence à des funérailles mais actuellement, le coronavirus n'a pas emporté d'êtres qui me sont chers. Les statistiques journalières ne m'impactent pas : c'est cependant déplorable que le décès d'humains ne soit plus qu'un chiffre car le nombre est trop élevé pour être autre chose. Des artistes meurent du covid-19 tandis que d'autres issus du culturel cherchent à survivre; les inégalités se ressentent encore plus en période de crise !

Les villes abandonnées deviennent des no-man's land où seuls les oubliés du système sortent encore : il ne fait pas bon courir les rues et les bonnes gens derrière leurs fenêtres resteront des observateurs qui oublieront toute solidarité. La délinquance vit au soleil : il ne faut pas que cela dure trop longtemps ... cela finira en émeute ! A la campagne, c'est tellement plus facile à vivre ... plus détendu (un peu comme en tant de guerre !)

Nous sommes en guerre mais l'ennemi est invisible, l'ennemi est dans l'air que l'on respire et tue à l'aveuglette, sans discernement : certains sont pris et d'autres sont épargnés sans logique apparente (si encore l'ennemi était sélectif !)

Seuls les petites gens font encore tourner le pays et bravent le danger pour sauver l'humanité : le personnel soignant, les policiers, les éboueurs ... tous ces "gagnent petits" qu'on découvre indispensables ... et si professionnels ! 

Ne plus voir sa famille, ses amis est tellement dur pour certains ! Moi, je suis un loup solitaire vivant cependant en meute; sans doute est-ce la raison pour laquelle, je n'en souffre pas. Les réseaux sociaux, le téléphone me permettent de garder le contact ... et actuellement, cela me suffit.
Cependant, moi si bien dans mon cocon familiale, je suis à l'écoute de ceux pour qui c'est dur et je soutiens autant que je peux ceux qui en ont besoin et sont en demande : ils me sont si reconnaissant alors que c'est si facile pour moi ... qui ne manque de rien. 

Cette période remet tant de chose à leur place !  Gagner au Loto ? pourquoi faire ? L'argent n'a plus aucune importance tant que mon salaire suffit à répondre à mes besoins; Partir en vacances ? C'est interdit et je n'en ressens plus le besoin : je m'évade dans mes rêves, je me créé mon monde (dans ma bulle et je le rejoins quand je veux.).. L'argent, les voyages, la société de consommation ne sont rien à côté de la vie et la santé... et l'amour de mes enfants !

Les vraies valeurs reprennent la priorité : l'amour de mes proches, le soleil dans le jardin, les oiseaux qui chantent sous un soleil resplendissant, la chaleur de ses rayons sous le parasol, l'air que je respire et la joie simple d'être en vie ...Finie ma course effrénée et les horaires strictes : j'ai le temps de vivre, la flexibilité de mon travail ... j'ai la santé et une chose que je n'avais jamais : Le temps ... celui de manger à mon aise, dormir davantage (la télé n'a pas plus sa place dans ma vie qu'avant), parler avec mes adolescents et ne plus m'inquiéter ! J'ai retrouvé un confort de vie que je n'avais plus depuis des années ... je vis au ralenti et comme cela fait du bien ! J'ai le droit de prendre un bon livre (ma Pile à lire va enfin diminuer) et profiter de la vie comme si j'étais pensionnée ... 

Confinée dans une maison où je me sens bien, je ne devrais pas être contaminée malgré ce virus si volatile ... mais si je devais être malade, tant pis ! La mort ne me fait pas peur (enfin pas la mienne), ma seule crainte est pour mes proches : c'est tellement plus facile de mourir que de voir mourir et en supporter la perte.

Dans ces conditions, il n'est pas facile d'alimenter un blog ... on ne raconte généralement pas le bonheur, l'apaisement, le calme et le cocooning ... J'ai fermé les yeux sur l'horreur de notre monde !

Bon courage et "keep safe"