vendredi 8 février 2019

Expropriation


Imaginons que vous soyez installé depuis quelques années dans une maison dont vous êtes propriétaire et que vous l'ayez aménagée et personnalisée à votre rythme pour en faire votre foyer.
Imaginons que vous ayez sélectionné la localisation en fonction de divers critères et que vous ayez organisé votre vie dans ce lieu précis qui remplit parfaitement votre cahier des charges.
Imaginons que vous soyez arrivé à un moment de votre vie où vous n'avez plus cette volonté de changement et plutôt l'envie de profiter enfin de la vie en lâchant du lest.
Imaginons que, après des années d'effort et de travail, vous soyez arrivé à la plénitude dans une petite vie bien organisée et qui vous donne entière satisfaction.
Le décor est planté !

Puis, un jour que vous croyez comme les autres, vous recevez une lettre - un coup de bambou - semblant insignifiante : "vous allez être exproprié pour utilité publique". S'ensuit toute une procédure pour vous informer et vous préparer à l'inévitable : une vente forcée.
Sur le plan financier, tout est étudié pour ne pas que vous soyez lésé : on est rarement perdant dans le cadre d'une expropriation ! Bien que tout soit étudié - bonne évaluation du bien (même s'ils ne tiennent compte que des améliorations faites dans les 2 dernières années; le reste étant vu comme obsolète) et paiement de sa "juste "valeur (en fonction du cadastre, de photo satellite et d'une réévaluation faite uniquement sur demande), défraiement des frais inhérent à l'achat d'un nouveau bien "équivalent" à celui perdu (enregistrement, déménagement, etc) - un bien n'est jamais équivalent puisque, au minimum, il ne sera jamais idéalement localisé comme le précédent - , intervention pour les dommages moraux ... - la société inhumaine admet difficilement l'impact que cet acte aura sur vous et votre famille. 
C'est un fait que la maison qu'on a choisi et qu'on n'a nullement envie de quitter à toujours une valeur bien plus grande que celle que l'on vous octroiera jamais !

Généralement, lorsque vous déménagez, c'est votre choix. Que vous donniez votre renom pour une location (et dans ce cas d'école, vous n'êtes pas totalement attaché au lieu car la situation est précaire et toujours sujette à changement - personne n'est à l'abri d'une vente du bien ou d'une décision du propriétaire d'occuper lui-même son bien) ou que vous vendiez votre bien : c'est un choix délibéré après réflexion, après avoir pesé le pour et le contre, après avoir peut-être passé des mois, des années à y penser. 
Ce n'est absolument pas le cas pour une expropriation où on vous précise également le moment où vous devrez avoir quitté les lieux mais, de plus, que votre maison va être abattue ! 

Il ne faut pas négligé l'impact sentimental qui touche chaque membre de la famille (pas nécessairement à part égale) en fonction de leur personnalité (matérialiste ou pas) et surtout les enfants (dont on tient rarement compte) pour qui cette maison représente tous leurs souvenirs d'enfance, toute leur vie ! Au moment où l'enfant a besoin de stabilité (et c'est déjà souvent difficile en cet époque où la séparation des parents est devenue monnaie courante), la maison reste bien souvent le dernier repère auquel ils peuvent se raccrocher.

Dans notre civilisation européenne, dans la société belge réputée pour avoir une brique dans le ventre, l'habitant n'a pas cette culture de changer de lieu en fonction de sa mobilité, son emploi, etc
Une expropriation implique donc une phase d'incompréhension, de révolte puis d'acceptation (on n'a pas le choix !) semblable à un deuil. 
Bien que la Loi stipule que vous n'êtes jamais propriétaire du sous-sol (soit en dessous des caves) - ce qui permet toujours à l'Etat de vous prendre ce que vous croyiez vôtre - on est bien souvent plus attaché aux lieux qu'on le pense !

On a beau se dire que les lieux importent finalement peu car la maison, c'est l'endroit où vous avez créé votre foyer; tout le monde n'a pas nécessairement envie de refaire continuellement ce travail de création d'un foyer ! 

Quoiqu'il en soit, ce genre d'acte entraîne son lot de souffrance, de questionnement et demande une énergie que vous auriez sans doute préféré utiliser dans d'autres circonstances et généralement en fonction de vos choix ! C'est l'un des cas de figure où vous vous dites que le respect de la liberté individuelle est floué (sacrifiée sur l'autel du bien commun) et, hormis dans les cas évidents, vous vous demandez si cela ne sert pas davantage l'intérêt d'une élite, si d'autres solutions n'auraient pas été mieux (soyez créatifs) et certainement aurait lésé d'autres personnes que vous ...
L'objectivité souffre bien souvent lorsque l'on est personnellement impliqué.

Qu'en pensez-vous ?


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