« Le train : un goût d’aventure ! » scande
un ancien slogan de la SNCB … et c’est ce que je me dit chaque matin … La raison est simple ! On ne sait jamais
si on va partir, combien de temps va durer le trajet, s’il y aura ou non du retard
et on n’est jamais certain d’arriver.
On a beau vouloir s’organiser, il est un fait
qu’on peut de moins en moins compter sur le chemin de fer qui devient
finalement juste bon pour les touristes (à condition qu’ils n’aient pas un
avion à prendre !) qui, par définition, sont sensés avoir le temps… car le
train reste agréable pour voyager paisiblement en papotant avec son voisin ou
en lisant un bon livre.
C’est toujours avec tristesse que je pense au
train que j’avais tant de plaisir à prendre lors de ma jeunesse, certes, je
n’étais jamais pressée, ne regardais jamais ma montre et évitais donc tout
stress inutile mais je dois avouer que généralement les horaires étaient
parfaitement respectés et j’avais rarement de mauvaises surprises tant pour me
rendre en ville qu’à la côte.
J’adorais prendre le train et le doux
ronronnement m’apaisait. J’appréciais vraiment voir défiler ville et campagne,
j’aimais m’imaginer les lieux où toutes ces routes traversées pouvaient mener
et je me prenais bien souvent à rêver à d’autres ailleurs.
Bien sûr, j’occupais un wagon sans
climatisation mais l’ouverture des fenêtres suffisait généralement pour aérer
le véhicule (je ne prenais de toute façon pas les mêmes trains que les
navetteurs et n’avais donc pas trop souvent une foule dans le train).
C’était encore l’époque où l’on pouvait fumer
une cigarette et il y avait donc des wagons non fumeur peu occupés qui me
laissaient le choix de la place assise et la possibilité d’étendre mes jambes.
Qu’il était agréable de me laisser conduire jusqu’à destination !
J’ai pris plaisir à voyager ainsi en tout sens
dans ma belle Belgique et le voyage vers les Ardennes me permettaient de
traverser des régions où la nature était encore préservée. J’ai pu découvrir
des paysages, une faune et une flore très diversifiée : oui, il m’est
arrivé de prendre un aller-retour juste pour le plaisir et sans but réel.
Aujourd’hui, fini tout cela ! Je suis
navetteur et j’enrage plus souvent qu’à mon tour sur les retards, les
suppressions de train (pour tous les motifs possibles), les grèves et les
trains bondés. A plusieurs reprises, j’ai dû changer mes horaires pour arriver
à l’heure et je pars désormais 1h plus tôt pour avoir une chance d’être dans
les temps.
J’ai toujours la joie de pouvoir y lier
connaissance et c’est bien sympathique de faire partie d’un groupe de
navetteurs avec lesquels je peux parler et rire ; je peux toujours lire un
livre pendant que je me fais conduire … mais encore faut-il trouver une place
assise (c’est nettement moins pratique de prendre un livre quand on est
debout ou de suivre une conversation quand on est disséminé dans un
wagon !)
Par contre, de plus en plus, les rails sont
cloisonnés et nous n’avons plus accès à la beauté des paysages : la vue
n’a plus rien d’intéressant, c’est moche des murs de bétons !
Nous avons désormais la climatisation :
formidable en toutes saisons … quand elle est bien réglée et atroce, si par
malheur, elle est en panne ! Car il est désormais impossible d’ouvrir une
fenêtre. Le train s’est modernisé … parfait sauf que cela engendre des pannes
techniques qui n’avaient pas lieu auparavant ! L’inconvénient des rames
plus modernes réside aussi dans le fait que le nombre de places assises a
diminué (et je ne parle pas des saisons où l’on retire des wagons pour affréter
des trains pour les touristes – le navetteur étant par définition un client
fidèle qui paie généralement à l’année, il est donc inutile d’en tenir compte
alors qu’il est ambitieux de séduire une nouvelle clientèle !)
Le train de mon enfance se doit désormais
d’être rentable : cela devient donc du transport de marchandises (produits
et personnes ont la même valeur !)
Le confort s’est amélioré ? Pas vraiment,
parfois dans certains trains mais toujours au détriment d’autres choses (mais
pour être honnête, j’avoue qu’en Grande Bretagne, c’est bien pire !)
Ne payant plus mon train (mon employeur paie
pour moi), je peux difficilement m’insurger contre le prix mais je le trouve
encore raisonnable par rapport à d’autres pays.
Il est cependant un point où tout est resté
inchangé : les accompagnateurs de train …
Pour la plupart, ils sont toujours aussi
gentils, serviables et compétents ; je n’ai jamais eu à m’en plaindre
(mais je suis aussi toujours en ordre !). J’admets qu’ils ne sont pas
toujours nécessairement de bonne humeur mais je pense que la perte de qualité
de la SNCB doit terriblement les frustrer (quand on aime son métier, on ne
supporte pas de voir son outil se déprécier autant et diminuer de valeur). En
tant qu’être humain, il est normal aussi qu’ils ne soient pas toujours au mieux
de leur forme (surtout en fonction de leurs horaires et utilisation bien
souvent au détriment de leur vie de famille, congés, vacances, etc)
En misant tout sur la rentabilité, en ignorant
volontairement l’aspect humain (personnel, clientèle, etc), la SNCB est en
train de perdre toute l’estime que la population pouvait avoir d’elle ! Le
service ne s’améliore pas et, à mon sens, si le chemin de fer survit c’est
uniquement par qu’il n’y a actuellement pas une offre équivalente. Nos routes
sont engorgées et la SNCB possède encore le monopole.
Je rêve à une époque où il y aura un concurrent
sérieux pour le rail de sorte qu’il se mette à nouveau en quatre pour
satisfaire les personnes qui le font finalement vivre. … et je ne parle
évidemment pas d’un concurrent sur le rail ce qui engorgerait plus encore un
chemin de fer déjà à saturation !
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