Au risque d’être redondante, je reparle sans
hésiter de la manière dont mon parrain m’a appris à découvrir SON usage
personnel du dictionnaire et les raisons pour lesquelles j’ai, moi aussi,
appris à l’aimer.
Le dictionnaire est le plus merveilleux des
outils pour apprendre les subtilités de ma langue et empêcher que certains mots
disparaissent faute d’être encore utilisés. J’ai appris à apprécier de voyager
entre ces nombreux mots, définitions et synonymes ; j’ai aimé entreprendre
cette découverte tel un explorateur sur une terre vierge ou si peu pratiquée.
Ouvrir cette brique à n’importe quelle page,
prendre la peine d’ouvrir mon esprit à des mots nouveaux et ma mémoire à des
citations, des locutions latines…
Savourer la particularité de certaines
orthographes et découvrir le pourquoi de celle-ci ; goûter la rareté de
certains mots et leurs usages pour, comble de bonheur, pouvoir l’utiliser à bon
escient … et tant pis si l’on me regarde comme une extra-terrestre !
Je n’ai jamais caché à quel point j’aime ma
langue maternelle : le français et à quel point je déplore de ne pas
être capable de l’utiliser parfaitement, non comme une érudite mais comme une
fan d’une des langues les plus riches au monde !
De la même façon, dans mon vieux dictionnaire
illustré, je me suis plu à découvrir des visages, des noms de célébrités,
connues ou pas, des écrivains, des peintres, etc augmentant de la sorte ma
culture générale et nourrissant mon cerveau d’un savoir tout aussi superflu que
la connaissance actuelle des vedettes du moment dont on ne parlera peut-être
plus dans 30 ans.
Cette perception des êtres dont personne ne
m’avait parlé m’a parfois incitée à chercher l’une de leurs œuvres, de leurs
écrits, de leurs tableaux …
Humer l’odeur de vieux livres est pour moi un
délice : je ne saurais pas m’habituer et me doter d’une liseuse pour
découvrir une nouvelle lecture. J’ai besoin du contact du papier, râpeux à
souhait et dégageant un arôme désuet. J’ai pu découvrir des poèmes oubliés
depuis longtemps dont la richesse du vocabulaire me ravissait …
Qui connait encore Pierre de Ronsard ou Edmond
Rostand ?
Qui apprécie encore Louis Aragon ou Boris
Vian ?
Sans le dictionnaire, comment aurais-je encore
pu entendre parler de ces poètes tristement oubliés ?
J’ai beau apprécié les poètes d’aujourd’hui tel
Cabrel ou Duteuil qui ont l’art de mettre en chanson les plus belles des
paroles : il n’est pas nécessaire de quitter des mots simples pour exprimer la beauté et la
finesse d’un sentiment mais j’avoue être sensible à certaines tournures de
phrases désormais obsolètes. Mon style est peut-être aussi un peu vieillot mais
il s’est nourri de tous ces sonnets, strophes et alexandrins révolus.
Jamais je ne remplacerai mon bon vieux
dictionnaire par un nouveau dont on retire peu à peu la substance, dont on
échange les vieux mots contre des nouveaux mots étrangers…
J’adjoindrai simplement à mon vieil ami, ce
nouveau dico pour enrichir encore mon vocabulaire avec des mots aussi exotiques
que moucharabieh, inexistant dans la langue française car ne se rapportant à
rien de présent en Europe par le passé.
Je ne suis pas adversaire des langues et
cultures étrangères mais j’estime qu’elles doivent se nourrir l’une de l’autre
et non se concurrencer.
Aujourd’hui, comme beaucoup, je déplore la
simplification de l’orthographe des mots (hormis si la raison étymologique l’exige)
et je n’arrive pas à comprendre pourquoi on ôte le difficile apprentissage du
français à nos jeunes … (on leur a déjà supprimer le service militaire qui
pourtant leur apportait une certaine discipline : regarder où va le monde
avec la montée de la délinquance ! Avant, les jeunes perdaient d’abord
leur temps en caserne avant de le perdre dans la rue et cela donnait, du moins
à certains, le goût de travailler !)
Ne vous méprenez pas, je suis tout aussi
moderne que les autres mais j’aime conserver un langage soigné et je n’ai aucune
envie de parler de manière trop familière voire vulgaire… Tans pis si l’on me
juge un peu prétentieuse : c’est juste le manque de connaissance de la
langue qui fait penser cela, mes amis quelques peu érudits se plaisent à
converser avec moi ! La langue française est si belle et si riche !
Je déplore tellement de ne plus pouvoir me faire comprendre par la masse des
gens et devoir régresser parfois fortement pour adapter mon langage aux
connaissances des autres. Par contre, quel est mon bonheur quand j’ai la
possibilité d’apprendre de nouveaux mots ou de nouvelles expressions (certaines
sont tellement imagées qu’elles en deviennent délectables !)
J’admets cependant que je ne parle pas
exactement comme j’écris mais je m’efforce néanmoins d’utiliser des mots ciblés
et le mieux choisis possible.
Pour le langage écrit, j’avoue sans rougir que
je n’hésite pas à utiliser divers dictionnaires pour vérifier orthographes, définitions
et synonymes afin de respecter parfaitement ma pensée… et éviter les
redondances constantes. Que serais-je sans dictionnaire ?
L’outil informatique est merveilleux puisqu’il
a intégré des dictionnaires pour me faciliter la vie … vous voyez que je suis
moderne et capable d’utiliser tous les
moyens existants pour garder un langage correct ! Je reconnais que
je surfe davantage sur le net que dans mes bouquins par facilité mais que, pour
moi, un livre est sacré et je me sens dans l’incapacité d’en jeter un quel
qu’il soit !
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