Qui n’a pas rêvé de remonter le temps et de
vivre, ne serait-ce qu’un moment, le temps des chevaliers, des châteaux-forts,
de la courtoisie ? Qui ne s’est pas imaginé, ne serait-ce que pendant
l’enfance, de côtoyer un chevalier, un seigneur ou se vêtir lui-même des atours
(et surtout des privilèges) du seigneur et maître, omnipotent ayant droit de vie et de mort sur ses
sujets ? Car, évidemment, rares sont ceux qui se voient simple manant,
serf corvéable à merci ou tendre jouvencelle dont l’existence était bien
souvent vouée au bon plaisir du seigneur (surtout si elle avait le malheur
d’être jolie !) …
C’est un thème de plus en plus à la mode et
l’on voit chaque année davantage fleurir les marchés, les fêtes et les repas
médiévaux. Telle l’époque où l’on se vêtait pour le carnaval (les plus
prestigieux comme les petites fêtes de village) désormais un peu tombé en
désuétude, on prend désormais plaisir à arpenter les cités médiévales pour
vivre comme au Moyen-âge.
Comme lors de la décadence romaine, on se plait
à revêtir des costumes du temps jadis, rarement d’époque mais parfois
remarquablement bien reproduit, et mimer un passé qu’on imagine plus agréable
que notre vie moderne.
Au début, lorsque ce genre de fête était
marginale et finalement plus artisanale, certains passaient énormément de temps
à concevoir leur personnage (parfois plus imaginaire qu’historique), leur
costume (tantôt scrupuleusement respectueux de l’époque, tantôt se gargarisant
d’une licence poétique qui permettait une flamboyance, une extravagance que ne
permettait pas la technique ancestrale), leur geste et le rôle qu’ils
entendaient jouer.
De nos jours, lors de marchés organisés dans le
cadre de festival, concentration et autres fêtes, il est facile de trouver des
costumes tout fait (et parfois très bien) dans des tissus bon marché ou parfois
plus fastueux, à prix abordables mais néanmoins pas toujours à la portée de
tous (cela est sensé être un loisir) ou au contraire à prix prohibitif (c’est
devenu un commerce).
Actuellement, il ne se passe pas un weekend où
ce genre de fête n’est organisé partout en francophonie (et les français ne
sont pas les moins acharnés…).
Il faut admettre que ce monde est encore assez
familial : tel la cour des miracles, on y trouve tout un panel de
personnage car, comme dans toute scène costumée, les différences sont gommées
et l’on peut y rencontrer riches et pauvres, personnes bien portantes ou
handicapées, grand, petit, gros ; jeune ou vieux, rien n’a pas
d’importance du moment qu’on habite son personnage … C’est encore un monde
convivial où tous sont amis et prennent plaisir à se rencontrer, se
reconnaître, se prendre en photo et même garder le contact via les réseaux
sociaux.
On se plait à reproduire la vie faste des
seigneurs en gommant l’aspect rural et triste des paysans de l’époque ou en
n’en gardant que les aspects positifs.
Certaines villes au lourd passé médiéval sont
le cadre idéal pour ce genre de distractions dont elles font parfois pour un
seul weekend (Dinan et sa fête des remparts par exemple) ou durant toute une
semaine (tel Provins) leur fond de commerce et leur curiosité touristique.
De l’idée de départ qui fut très conviviale et
bonne enfant, c’est devenu peu à peu un commerce souvent florissant... lorsque la
météo est de la partie !
Surfant sur la vague, fonçant pour répondre à
la demande du chaland, l’organisation est de plus en plus laissée à des
personnes peu au faite de l’esprit initial ne voyant plus que l’aspect
pécuniaire au détriment du réel amusement : cela devient un peu tout et
n’importe quoi …
Si l’on ne trouvait au départ que des articles
artisanaux dont la qualité (et le prix) dépassait bien des espérances, on tend
à découvrir désormais de plus en plus d’articles made in China de qualité
nettement inférieure ; c’est dommage ! (mais maintenant à la portée
de toutes les bourses) …
Initialement dédié aux passionnés, aux vrais
amateurs, c’est devenu une simple curiosité et l’accueil d’une foule bigarrée
très peu au courant des faits historiques.
Je tiens cependant à vous conseiller le repas
médiéval organisé en notre belle cité de Bruges où pour l’espace d’une soirée,
vous aurez l’occasion de participer aux noces d’un seigneur du cru. Implanté dans le cadre d’une magnifique église
désacralisée, qui de la sorte présente une singulière ressemblance avec la
pièce principale d’un château ; vous participerez tels des figurants aux
agapes de la cour. Le spectacle est haut en couleur et remarquablement bien
joué par des acteurs qui sauront vous distraire de leurs costumes et des
activités propres à cet époque.
Le fou du roi en est le maître de cérémonie et
vous invite dans toutes les langues à prendre plaisir à cette reconstitution.
Quelque soit le prix que vous aurez consenti à payer pour y accéder, vous serez
accueilli en ami et nourri d’un repas copieux et bien cuisiné.
Les jubilaires du jour apprécieront une petite
attention particulière qui contribuera à marquer cet anniversaire pas comme les
autres d’une pierre blanche.
Ménestrels et troubadours agrémentent le repas
et il est surprenant de sentir planer un faucon à 5 cm de sa tête, de voir
jongleurs et cracheurs de feu ou d’applaudir un combat de chevaliers…
Je l’avoue : j’ai passé une soirée très
agréable qui a réjoui mes enfants et dont le souvenir subsistera longtemps en nos
mémoires !