Le village était calme et serein malgré le
passage de quelques tracteurs. Les agriculteurs se lèvent aussi tôt que les
oiseaux quand les blés sont prêt pour la moisson et rapidement le bruit des
moissonneuses arrivent à nos oreilles (bruyant quand même !) … si l’odeur
des blés fraîchement coupés est agréable à mon odorat, la poussière dégagée qui
envahit le village est moins plaisante !
Hormis les agriculteurs, tous le monde dort
encore (ils font comment ?) et le village est vite traversé … pour le
contact avec l’habitant, il faudra plutôt revenir vers 7h ou 8h suivant le jour
de la semaine. Si c’est dimanche, avant la messe du dimanche, vous verrez
souvent peu de monde mais vous les retrouverez tous ensuite sur la place.
C’est lundi, nous avons donc de la
chance ! L’unique bistrot du coin ouvre ses portes et nous offre la
chaleur de son café agrémenté d’un croissant délicieux … et nous rencontrons ébahi
l’avenant commerçant qui nous taille une bavette mieux que notre concierge en
ville.
Je ne pense pas que le cafetier ait une chance
de faire fortune en ces lieux mais sa conversation agréable est par ailleurs
assez instructive : qui a osé dire que les « paysans » sont
illettrés ? J’ai pu rencontrer des personnes passionnées, des baroudeurs
sur le retour ou des personnes cherchant juste une retraite paisible loin de la
course à la consommation … on a beaucoup à apprendre des anciens ! En
parlant de bon sens paysan (ce qui n’a rien de péjoratif mais exprime juste le
fait que ces personnes vivent à la campagne), on y apprend notamment l’art du
lâcher prise et de la tolérance.
Si on a la chance de pouvoir s’intégrer dans
ces villages, si on a l’ouverture d’esprit suffisante pour accueillir la pensée
d’autrui (souvent aux antipodes de la nôtre), nous passerons des vacances
magnifiques dans ce coin perdu et l’inconfort de notre logement ne comptera pas
face à la richesse qui ressortira de nos rencontres.
L’avantage aussi de parler avec les habitants
est d’être rapidement renseigné sur les loisirs offerts par la région. Il ne
faut jamais s’arrêter à la première impression car en dehors du calme (parfois
relatif) d’un village, on peut découvrir une grotte, une église remarquable et
peu connue (mais valant certainement le détour !) ou apprendre qu’à
quelques kilomètres de là se trouve le meilleur restaurant du coin (parfois
gardé jalousement secret et uniquement dévoilé aux initiés) ou un bras de
rivière aussi agréable qu’une plage tropicale …
On a parfois la malchance de tomber dans un
coin qu’il eut mieux valu éviter !
Le village était quasi à l’abandon et les
quelques rares habitants (sans doute trop pauvres pour pouvoir déménager sous
des cieux plus plaisants) nous dévisageaient avec amertume.
Visiblement, notre attitude de citadin leur
déplaît souverainement … me considère-t-il comme un snob ? Mon sourire
hésitant ne rencontre que regard en coin et méfiance palpable …
L’absence d’une boulangerie ou d’un bistrot
(même peu ragoutant) confirme à mon estomac qu’il devra attendre des jours
meilleurs pour être approvisionné. Les appels de celui-ci n’apitoient même pas
les habitants qui me tournent allègrement le dos sans répondre à ma demande
« où puis-je trouver un magasin ? un restaurant ? … une
gargote ? »
La meilleur solution dans ce cas est de
chercher ailleurs … même, dans le pire des cas, replier bagage et partir voir
si le soleil brille mieux plus loin !
Nous nous enhardissons cependant à découvrir
cette « riante » région …
Nous partons à l’aventure et décidons de
visiter le si joli petit bois à 2 km de notre bivouac.
L’orée du bois me plongea immédiatement dans la
féerie de mes contes d’enfants. Le soleil filtrait doucement à travers les
feuilles délicieusement couvertes de rosée des arbres majestueux. Ces quelques
gouttes bien agréables sous la chaleur, déjà présente mais pas harassante de
cet été naissant, m’apportaient la fraîcheur idéale pour cette visite qui
s’annonçait si prometteuse.
Les couleurs passant du vert au rouge en
prenant des teintes ocres et chamarrées ravisaient mon œil artiste et les
odeurs se dégageant de la terre à peine humide me rappelaient le temps des
jours heureux où je retrouvais ma multitude de cousins dans la ferme de ma
grand-mère. Nous nous y donnions rendez-vous pour passer l’été en battant la
campagne et en envahissant avec entrain les forêts les plus prestigieuses (2
ares de bois de mon enfance valent la magnificence des forêts
canadiennes !)
Un sentier plus qu’un chemin me conduisit vers
une clairière petite mais confortable au milieu de laquelle coulait un petit
ruisseau turbulent, sautillant entre les rochers, disparaissant sous quelques
plantes pour mieux me surprendre en resurgissant bruyamment près d’une
grenouille croassant. Cet espiègle petit ru poursuivait ensuite son cours entre
les arbres et arbustes sans chercher à m’emmener avec lui mais en me faisant un
pied de nez ! Le suivre ? Je
n’y pensais même pas tant il s’amusait à s’emmêler dans les plantes rampantes et les fourrées serrés.
Mon sentier de plus en plus étroit s’éloignait
vers les profondeurs du bois. Je choisis donc de partir vers le coin opposé qui
semblait plus dégagé et marchais au hasard sautant de touffes de fleurs en
touffes de fleurs comme j’avais vu faire la rainette.
J’étais parvenue à traverser le bois sur sa
largeur sans m’en rendre compte, étonnée et ravie d’avoir vu tant de belles
choses mais déçue cependant de n’avoir rencontré aucune des fées de mon enfance
(elles ne se montrent qu’aux enfants, jamais aux adultes !).
Encore toute émerveillée de si gracieuse
promenade, je rentrai lentement vers mon douillet duvet sûre d’y faire les
beaux rêves dans la suite logique de mon aventure.
Nous sommes jeunes et courageux, hardis les
gars, partons à la découverte du bois ! Remplaçons le souvenir désastreux
de ce village par la beauté de ce bois !
Le bois a l’air sinistre mais ne nous fiions
pas à la première impression, cet endroit ne peut être totalement
déplaisant !
Après avoir effectué plusieurs mètres pour
trouver une entrée ou un sentier, je pris la décision de me faufiler entre les
arbres assez touffus dont les branches m’évoquaient des bras terminées par de
longs doigts crochus (simple réminiscence des contes de mon enfance, c’est
ridicule !) : ces arbres peu sympathiques et jamais taillés avaient
poussé en dépit du bon sens dans un étonnant désordre semblant chercher à nuire
à leurs congénères.
L’absence de chemin rendait ma progression
laborieuse et l’attaque incessante d’insectes plus repoussant les uns que les
autres en faisait un moment assez pénible. Dans ma volonté de poursuivre ma
route à la recherche d’une clairière, je ne vis pas, caché sous la mousse
nauséabonde, le début de marais où plongeaient les racines de ces arbres
imposants. L’eau pestilentielle prenait peu à peu le pouvoir sur mes chausses
qu’elle ruinait irrémédiablement ! Sa présence cependant rendait le
passage plus facile car les arbres renonçaient apparemment à lutter contre
elle. Ce spectacle désolant me poussa à faire rapidement demi-tour en un repli
stratégique vers mon finalement très accueillant camping de fortune…
Il faut toujours croire en sa première
impression !!!! Rentrons vite au camp ! C’est un orage que je vois au
loin ?
A suivre ...
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