dimanche 19 juin 2016

Les joies du camping : épisode 2



Le village était calme et serein malgré le passage de quelques tracteurs. Les agriculteurs se lèvent aussi tôt que les oiseaux quand les blés sont prêt pour la moisson et rapidement le bruit des moissonneuses arrivent à nos oreilles (bruyant quand même !) … si l’odeur des blés fraîchement coupés est agréable à mon odorat, la poussière dégagée qui envahit le village est moins plaisante !
Hormis les agriculteurs, tous le monde dort encore (ils font comment ?) et le village est vite traversé … pour le contact avec l’habitant, il faudra plutôt revenir vers 7h ou 8h suivant le jour de la semaine. Si c’est dimanche, avant la messe du dimanche, vous verrez souvent peu de monde mais vous les retrouverez tous ensuite sur la place.

C’est lundi, nous avons donc de la chance ! L’unique bistrot du coin ouvre ses portes et nous offre la chaleur de son café agrémenté d’un croissant délicieux … et nous rencontrons ébahi l’avenant commerçant qui nous taille une bavette mieux que notre concierge en ville.
Je ne pense pas que le cafetier ait une chance de faire fortune en ces lieux mais sa conversation agréable est par ailleurs assez instructive : qui a osé dire que les « paysans » sont illettrés ? J’ai pu rencontrer des personnes passionnées, des baroudeurs sur le retour ou des personnes cherchant juste une retraite paisible loin de la course à la consommation … on a beaucoup à apprendre des anciens ! En parlant de bon sens paysan (ce qui n’a rien de péjoratif mais exprime juste le fait que ces personnes vivent à la campagne), on y apprend notamment l’art du lâcher prise et de la tolérance.
Si on a la chance de pouvoir s’intégrer dans ces villages, si on a l’ouverture d’esprit suffisante pour accueillir la pensée d’autrui (souvent aux antipodes de la nôtre), nous passerons des vacances magnifiques dans ce coin perdu et l’inconfort de notre logement ne comptera pas face à la richesse qui ressortira de nos rencontres.
L’avantage aussi de parler avec les habitants est d’être rapidement renseigné sur les loisirs offerts par la région. Il ne faut jamais s’arrêter à la première impression car en dehors du calme (parfois relatif) d’un village, on peut découvrir une grotte, une église remarquable et peu connue (mais valant certainement le détour !) ou apprendre qu’à quelques kilomètres de là se trouve le meilleur restaurant du coin (parfois gardé jalousement secret et uniquement dévoilé aux initiés) ou un bras de rivière aussi agréable qu’une plage tropicale …

On a parfois la malchance de tomber dans un coin qu’il eut mieux valu éviter !

Le village était quasi à l’abandon et les quelques rares habitants (sans doute trop pauvres pour pouvoir déménager sous des cieux plus plaisants) nous dévisageaient avec amertume.
Visiblement, notre attitude de citadin leur déplaît souverainement … me considère-t-il comme un snob ? Mon sourire hésitant ne rencontre que regard en coin et méfiance palpable …
L’absence d’une boulangerie ou d’un bistrot (même peu ragoutant) confirme à mon estomac qu’il devra attendre des jours meilleurs pour être approvisionné. Les appels de celui-ci n’apitoient même pas les habitants qui me tournent allègrement le dos sans répondre à ma demande « où puis-je trouver un magasin ? un restaurant ? … une gargote ? »
La meilleur solution dans ce cas est de chercher ailleurs … même, dans le pire des cas, replier bagage et partir voir si le soleil brille mieux plus loin !
Nous nous enhardissons cependant à découvrir cette « riante » région …

Nous partons à l’aventure et décidons de visiter le si joli petit bois à 2 km de notre bivouac.
L’orée du bois me plongea immédiatement dans la féerie de mes contes d’enfants. Le soleil filtrait doucement à travers les feuilles délicieusement couvertes de rosée des arbres majestueux. Ces quelques gouttes bien agréables sous la chaleur, déjà présente mais pas harassante de cet été naissant, m’apportaient la fraîcheur idéale pour cette visite qui s’annonçait si prometteuse.
Les couleurs passant du vert au rouge en prenant des teintes ocres et chamarrées ravisaient mon œil artiste et les odeurs se dégageant de la terre à peine humide me rappelaient le temps des jours heureux où je retrouvais ma multitude de cousins dans la ferme de ma grand-mère. Nous nous y donnions rendez-vous pour passer l’été en battant la campagne et en envahissant avec entrain les forêts les plus prestigieuses (2 ares de bois de mon enfance valent la magnificence des forêts canadiennes !)
Un sentier plus qu’un chemin me conduisit vers une clairière petite mais confortable au milieu de laquelle coulait un petit ruisseau turbulent, sautillant entre les rochers, disparaissant sous quelques plantes pour mieux me surprendre en resurgissant bruyamment près d’une grenouille croassant. Cet espiègle petit ru poursuivait ensuite son cours entre les arbres et arbustes sans chercher à m’emmener avec lui mais en me faisant un pied de nez !  Le suivre ? Je n’y pensais même pas tant il s’amusait à s’emmêler dans  les plantes rampantes et les fourrées serrés.
Mon sentier de plus en plus étroit s’éloignait vers les profondeurs du bois. Je choisis donc de partir vers le coin opposé qui semblait plus dégagé et marchais au hasard sautant de touffes de fleurs en touffes de fleurs comme j’avais vu faire la rainette.
J’étais parvenue à traverser le bois sur sa largeur sans m’en rendre compte, étonnée et ravie d’avoir vu tant de belles choses mais déçue cependant de n’avoir rencontré aucune des fées de mon enfance (elles ne se montrent qu’aux enfants, jamais aux adultes !).
Encore toute émerveillée de si gracieuse promenade, je rentrai lentement vers mon douillet duvet sûre d’y faire les beaux rêves dans la suite logique de mon aventure.

Nous sommes jeunes et courageux, hardis les gars, partons à la découverte du bois ! Remplaçons le souvenir désastreux de ce village par la beauté de ce bois !

Le bois a l’air sinistre mais ne nous fiions pas à la première impression, cet endroit ne peut être totalement déplaisant !
Après avoir effectué plusieurs mètres pour trouver une entrée ou un sentier, je pris la décision de me faufiler entre les arbres assez touffus dont les branches m’évoquaient des bras terminées par de longs doigts crochus (simple réminiscence des contes de mon enfance, c’est ridicule !) : ces arbres peu sympathiques et jamais taillés avaient poussé en dépit du bon sens dans un étonnant désordre semblant chercher à nuire à leurs congénères.
L’absence de chemin rendait ma progression laborieuse et l’attaque incessante d’insectes plus repoussant les uns que les autres en faisait un moment assez pénible. Dans ma volonté de poursuivre ma route à la recherche d’une clairière, je ne vis pas, caché sous la mousse nauséabonde, le début de marais où plongeaient les racines de ces arbres imposants. L’eau pestilentielle prenait peu à peu le pouvoir sur mes chausses qu’elle ruinait irrémédiablement ! Sa présence cependant rendait le passage plus facile car les arbres renonçaient apparemment à lutter contre elle. Ce spectacle désolant me poussa à faire rapidement demi-tour en un repli stratégique vers mon finalement très accueillant camping de fortune…


Il faut toujours croire en sa première impression !!!! Rentrons vite au camp ! C’est un orage que je vois au loin ?
A suivre ...

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