Ravie de ma journée et des magnifiques
rencontres du jour, repue d’un délicieux repas dans une sympathique auberge
tenue par une non moins charmante cuisinière qui me régala tant de succulents
produits du terroir que de ces amusantes anecdotes ; je me couchai sous la
couette sûre et certaine de retrouver dans mes rêves ce sentiment de plénitude
qui m’habitait.
La nuit douce et chaude envahit ma tente et je
ne tardai pas à tomber dans les bras de Morphée.
Le soleil était à
peine levé, j’étais déjà prête à vivre de nouvelles aventures. Attirée par un
léger bruit qui s’amplifiait au fur et à mesure de mes pas, je découvris une
magnifique cascade qui se terminait dans un bassin paisible couleur émeraude.
L’oasis de fraîcheur était entouré d’arbres et de touffus qui ombrageaient
délicatement les lieux et m’accordaient une intimité des plus appropriée. Je
n’hésitais pas un instant à me dévêtir pour profiter, dans cet été agréablement
chaud, de cette piscine offerte à mon seul usage. L’eau pure et tiède exhalait
un doux parfum de rose et de chèvrefeuille. La profondeur de la pièce d’eau me
permit de m’immerger presque totalement.
Quelques oiseaux me
réjouissaient de leurs chants et plusieurs feuilles voletaient dans les rares
rayons de soleil qui avaient trouvé passage entre les arbres ; un léger
courant me guidait en douceur vers le centre de l’étang et je me sentais
légère.
J’avançais vers la
cascade et j’appréciais immédiatement la caresse de cet eau limpide qui agit
comme un doux massage sur mes membres fatigués. Un rocher plat sous la surface
de l’eau m’offrait une assise idéale pour me reposer sous les flots de cette
douche improvisée. Je m’abandonnai donc sous ces mains apaisantes et me plu à
m’imaginer être ici seule au monde pour l’éternité.
Des gouttes plus froides me roulaient sur le
nez, il pleuvait doucement sur ma tente et un pli malencontreux avait mis fin à
mon beau rêve. Un déplacement de mon lit et le placement d’un seau remédiât
momentanément au problème.
Crotté comme un gamin, écorchée, égratignée et
pas contente, je rentrai rapidement au camping pour panser mes plaies et
profiter d’un repos largement mérité après mes pénibles aventures.
La tente n’ayant pas supporté les assauts du
matin, je me mis en devoir de réparer les dégâts en m’assurant cette fois
d’enfoncer assez les pitons dans le sol. Après une bonne heure d’effort
soutenus, ma « maison » avait repris un aspect convenable et je
pouvais enfin prendre soin de moi : manger les restes d’un chocolat trouvé
dans le fond de mon sac (il date de quand ?) et le disputer aux guêpes
appâtées par son odeur ; nettoyer plaies et bosses pour enfin me glisser
dans mon sac de couchage … dont j’avais préalablement extirpé les insectes (la
seule solution : le secouer avec force !)
Le déplacement de ma couche régla le problème
de l’inconfort (car je n’avais pas encore la force de gonfler le matelas … sans
être infernale ma journée n’avait pas été de tout repos !)
C’est donc avec beaucoup de
« bonheur » et surtout d’épuisement que je sombrai dans les affres du
sommeil.
Le bruit assourdissant
de l’avalanche me poursuivait tandis que mes bâtons de ski s’enfonçaient de
plus en plus vite dans la neige, pas de problème, j’arriverais à la battre de
vitesse et me sortir de cette situation dangereuse. Ce n’était pas la première
fois, qu’au péril de ma vie, je bravais les éléments pour porter secours aux
skieurs trop téméraires. Ma dextérité et mon expérience me sortait toujours de
mauvais pas et ce serait pareil cette fois encore ! Ces vacanciers avaient
beaucoup de chance de m’avoir trouvé sur leur chemin et l’hélicoptère les
avaient rapidement évacués … Quel bonheur qu’il manquait une place pour moi :
j’adorais ce challenge d’être livré à moi-même et j’aurais regretté de devoir
renoncer à un nouvel exploit… J’étais déjà parvenue à la lisière du bois où je
savais trouver la sécurité des arbres, j’avais quitté la ligne
d’avalanche !
Une douche froide s’était déversée sur moi,
l’eau de cet orage violent avait rapidement trouvé un chemin dans les plis de
la toile de la tente et continuait à se déverser sur moi : j’étais
trempée ! Il devait être 3h du matin, ma nuit était finie … il me restait
à attendre l’aube dans mes vêtements glacés. Je me fis la promesse solennelle
de sauver ce qui pouvait l’être le lendemain puis de faire mes bagages et quitter
ses lieux pour toujours !
Je me levai avec joie, prête pour un robuste
déjeuner. Le soleil avait déjà fait son apparition et la journée promettait
d’être belle.
La chaleur avait déjà séché la pluie de la nuit
et je n’eu aucune difficulté pour replacer la toile correctement sur la
charpente : plus aucun pli, les petits désagréments de la nuit ne se
reproduirait plus !
Ce furent les plus belles vacances de ma
vie !!!
L’orage était passé et avait laissé un temps
maussade et un épais brouillard. Le sol était détrempé comme l’ensemble de ma
personne.
Forte de ma décision de la nuit et sans aucune
envie de changer d’avis, je vidai laborieusement ma « chambre » de
ses vêtements et matériels trempés. J’éprouvai beaucoup de difficultés à fermer
mon sac puis j’entrepris de démonter ma tente. La toile n’avait plus aucune
souplesse, alourdie par la pluie, elle pendait lamentablement tandis que les
montants en fer étaient tordus à certains endroits … j’eu donc encore plus
difficile à replacer le tout dans son sac d’origine et je suais à l’idée de
l’effort considérable qu’il me faudrait déployer pour la ramener chez moi.
Après plusieurs glissades dans la boue et après
avoir définitivement achevé mon pantalon de camping qui gonflé par l’eau me
faisait un corps de bonhomme Michelin et rendait mes mouvements aussi
disgracieux que difficile, je parvins enfin à quitter le champs où j’avais eu
la visiblement très mauvaise idée de m’installer pour quelques jours que je
croyais à tort potentiellement paradisiaque.
Ce séjour avait eu raison pour toujours de mes
velléités de camping et de retour à la nature si vanté par les écologiques qui,
à mon sens, n’ont sans doute aucune expérience en la matière ! Ma
conclusion de cette triste aventure est que la nature est merveilleuse lorsque
l’on regarde un documentaire bien installé dans un confortable canapé, dans une
maison bien chauffée (ou fraîche selon la saison) avec apéritif et zakouski à
notre portée.
Ce furent les vacances les plus infectes que
j’ai jamais vécues et rien que d’y penser mes cauchemars reviennent !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire