Profitant de mon passage à Liège, il était une expérience inédite qu'il manquait à mon palmarès : assister à un opéra !
C'est en effet la manière idéale de visiter le bâtiment de l'Opéra de Liège récemment remis à neuf...
Nous nous y sommes donc rendus ce jeudi 27 juin à l'occasion de la représentation de "Carmen" de Bizet. J'y reviens ...
L'édifice datant de 1818 a donc été entièrement rénové, il est de style italien avec un plafond peint. Les coulisses ont été entièrement revisitées et permettent désormais des changements rapides de décors. Il est à noter que l'ensemble se visite lors des journées du patrimoine et certaines autres occasions mais toujours sous réservation.
Il est possible de diner sur place avant le spectacle (sur réservation) et la même salle débarrassée des tables (remplacées par des mange debout) accueille également les spectateurs lors de l'entracte. Il y est possible de prendre une collation, il est cependant conseillé de prendre son ticket avant même la représentation sous peine de ne pas avoir le temps de boire son verre avant la fin de l'entracte (la file peut être longue !) Ladite salle présente elle aussi un décor fantastique sur un beau parquet.
Le personnel est extrêmement poli et gentil : l'accueil est vraiment des plus agréables.
Revenons au spectacle proprement dit :
J'ai été très déçue de découvrir une "Carmen" contemporaine dans une mise en scène qui tentait de dépoussiérer l'ensemble. Il y avait certes d'assez bonnes idées et une approche correcte au niveau des décors et l'habillement. J'ai apprécié les pénitents faisant leur entrée directement dans la salle des spectateurs, cela apportait une dimension nouvelle et l'Espagne imaginaire respectait bien les codes. Rien à dire non plus au niveau de la musique jouée par un bon orchestre (en tenue de ville et pas en tenue de soirée comme le voudrait un spectacle de cet envergure et la beauté des lieux); airs, paroles et musique étaient bien respectés et servis par de bons ténor et soprano.
Par contre, quelle déception que cette "Carmen" insipide et à la voix grave ! Elle n'avait rien d'une bohémienne rebelle et passionnée, rien de la beauté luxuriante des Ibères et aucun point commun avec les caractéristiques gitanes. Je ne peux me faire à une bohémienne en pantalon (lors de la dernière scène) plus masculine que féminine. Pour moi, Carmen est la quintessence de la fémininité avec un caractère sauvage et une passion dramatique : rien de tout ça ici ! Je ne trouve pas non plus que la voix correspondait au personnage : elle a été éclipsée par "Michaela" qui avait une voix magnifique ! Je ne doute cependant pas des qualités vocales de la jeune première mais, pour moi, il s'agit d'un mauvais casting (la remplaçante y correspond bien davantage : pas de chance !)
Que dire aussi de cette Espagne dénaturée par le manque de ferveur du flamenco (plutôt un ersatz de claquettes), par la pauvreté des robes. Le flamenco est une danse langoureuse, sauvage, passionnée, où les expressions des visages font partie du spectacle : en cachant les visages sous un masque de pénitents, on perd l'essentiel ! En supprimant les froufrous des robes, on enlève tout expression et les mouvements du corps ! Le metteur en scène a réussi à supprimer l'essence même du cœur espagnol !
Certes, il s'agissait ici d'une représentation versée dans la symbolique avec des décors minimalistes dans une réalisation nouvelle et une vision renouvelée : visiblement, le metteur en scène a voulu revisiter et moderniser cette vieille œuvre et je trouve cela vraiment décevant.
Où est le respect de l'auteur ? Est-ce vraiment utile de recréer une œuvre aussi réputée, en la dénaturant autant ? Est-ce vraiment nécessaire de moderniser les œuvres anciennes ? Je n'en suis pas convaincue !
Gros coup de cœur donc pour les lieux et énormément de déceptions pour ce spectacle d'opéra dénaturé, vidé de sa substance et n'apportant finalement pas grand chose !Je ne trouve pas qu'on ait fait honneur à ce pauvre Bizet qui doit se retourner dans sa tombe !
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