Je déplore depuis longtemps la perte de la connaissance de l’étymologie des mots (on ne fait plus qu’effleurer le latin qui est la base de notre langue – je ne suis pas une fervente adepte des langues mortes mais il faut en connaitre un minimum pour être capable de détecter et comprendre ces bases) et de l’orthographe correcte de ceux-ci (notamment à cause de l’emploi des abréviations texto et SMS) mais je ne m’attendais pas à également voir disparaître notre belle langue française. Même si une langue vivante doit évoluer et rester en phase avec l’être humain, est-il nécessaire de tout simplifier à outrance et de gommer toutes les subtilités propres au français ?
J’admets cependant que la communication nécessite
parfois une simplification des mots pour éviter les malentendus et être certain
d’être compris (on n’a pas nécessairement un dictionnaire à ses côtés et la
signification des mots évolue avec le temps) mais doit-on pour autant supprimer
toute la beauté de notre vocabulaire ?
Quelle ne fut ma surprise mais aussi ma
tristesse, quand j’ai appris par hasard qu’une personne de mon entourage que
j’aimais beaucoup et qui semblait toujours d’accord avec moi, rendant ainsi nos
échanges riches et fructueux, acquiesçait à mes propos uniquement pour me faire
plaisir car elle ne comprenait pas tout ce que je lui disais !
Elle m’appréciait elle aussi et ne voulait donc
pas rompre le contact mais, bien qu’elle soit francophone, se taisait car mon
vocabulaire lui était inconnu …
Je m’efforce à toujours utiliser un langage
soigné et utiliser un mot bien choisi, ciblé pour exprimer parfaitement mon
ressenti, mon appréciation, ma vision des choses.
Et me voilà, assimilée à une étrangère ne
sachant pas parler la langue de tout le monde car je m’obstine à utiliser des
mots – qui me semblent courants – que personne n’utilise plus ni ne comprend
vraiment …
La langue française est une des langues les
plus riches en vocabulaire – ce n’est pas pour rien qu’elle est si usité dans
les textes de Loi car il existe des mots très subtils et précis pour dire avec
précision ce que l’on veut dire – elle comporte au moins 100.000 mots
différents alors que la plupart des gens n’en utilisent grosso modo qu’entre
20.000 (pour les plus érudits) et 3.000 (et parfois 1.000 pour le français de
base).
Quelle perte de qualité, de richesse, de beauté
des mots !
Je me souviens encore aujourd’hui de mon
parrain qui prenait plaisir à voyager dans le dictionnaire : il l’ouvrait
à n’importe quelle page et pointait un mot inconnu dont il découvrait la
signification puis recherchait un mot de la définition qu’il ne comprenait pas
… il pouvait y passer des heures et en ressortait toujours plus érudit et
heureux d’avoir acquit de nouvelles connaissances. Quand je parle de ce plaisir
à mon entourage, on me regarde avec étonnement, incompréhension, dégoût ou pire
encore comme une folle qui n’a rien compris au monde !
La jeunesse actuelle agit pourtant de
la même façon en surfant sur le net, passant continuellement d’un site à un
autre pour découvrir d’autres images, d’autres informations : la démarche
est simplement plus moderne mais fondamentalement dans le même
esprit (même si les connaissances acquises sont plus vastes et non
limitées à la seule découverte d’une langue) ! A force de vouloir tout
connaitre du monde, on ne connait plus rien en profondeur !
Faut-il privilégier le superficiel et
abandonner le subtil (le sublime) ?
Suis-je vieux-jeu à ce point de craindre la
disparition de ma culture, qui passait par l’usage de ma langue maternelle, en
voyant tomber dans l’oubli tant de mots parfois si savoureux, tomber dans les
redondances alors qu’on eut pu utiliser un synonyme ?
Faut-il mettre nos bons vieux professeurs de
français au rebut car ils seraient devenus obsolètes ? Faut-il abandonner
la langue française au profit d’autres langues moins riches ? Faut-il
jeter au feu littérature et poésie qui ont donné leurs lettres de noblesse à
notre belle langue française ?
L’évolution de la société et l’apport de
nouvelles cultures par le brassage et le métissage des populations (suite à
l’immigration volontaire, économique ou rendue obligatoire à cause des conflits
armés) doivent-ils nous contraindre à enterrer notre passé et notre langue ?
Quand je vois tous les efforts consentis par
cette population importée pour conserver - avec raison -, leurs cultures,
us-et-coutumes, leurs identités propres et le respect de ceux qu’ils
étaient ; je ne comprends pas que la culture à laquelle j’appartiens ne
fasse pas la même démarche en conservant elle aussi toute sa qualité, sa
diversité, sa richesse …
Le métissage de notre société devrait l’enrichir
et pas tendre à la remplacer par une volonté plus forte de préserver une
culture qui n’est pas la nôtre et à laquelle nous n’adhérons pas
nécessairement.
Chaque culture a sa beauté et mérite le respect
mais pas l’une au détriment d’une autre.
De tout temps, le brassage des cultures et des
langues a apporté des modifications notables et heureuses. Que seraient nos
mathématiques sans le zéro arabe ? Que serait le français sans le latin et
le grec ?
La sauvegarde de notre langue, de notre
culture, de nos principes et notre mode de vie est nécessaire pour notre
évolution et le respect de notre passé même si ceux-ci peuvent et doivent être
adapté pour coller à la réalité toujours en marche et préparer notre demain.
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