vendredi 11 décembre 2015

L'adolescence



Le plus bel âge de la vie, celui où l’insouciance s’allie avec l’inconscience …
L’âge ingrat celui où de chenille, l’enfant devient papillon…
La période sans doute la plus dure de la vie quand on se trouve au cœur de ces changements et celle qu’on regarde avec regret quand, à l’âge mûr, tout est déjà joué …et parfois perdu !
Un passage obligé que les parents appréhendent pour leurs enfants et que les jeunes traversent sans retenue, avec la fougue et l’insolence de leur jeunesse !

Un matin, l’enfant adoré et adorable qu’on aime plus que tout au monde et qui faisait notre ravissement - tendre figure d’ange  qu’on chouchoutait - se réveille dans la peau d’un monstre.
Cela se fait pourtant tout en douceur et, imperceptible aux prémices de l’adolescence, finit par se déployer dans toute son horreur : notre enfant a grandit et ne nous appartient plus du tout.

Un matin, notre angelot découvre son premier bouton, son premier poil ou la naissance d’une protubérance que, la veille encore, rien ne laissait présager et tombe alors le voile de l’ignorance ! « Je ne suis plus un bébé » tonne-t-il … et il a malheureusement raison …
Notre petit adulte en devenir se prend pour un « grand » et commence à renier tout ce qu’on lui a appris (en commençant par les bonnes manières) et à entrer en rébellion (ouverte ou pas) contre toutes nos décisions (par pur esprit de contraction d’abord, pour dépasser les limites ensuite et enfin surtout pour s’affirmer).

A ce moment, la place des parents sera rapidement occupée, que dis-je envahie, par la meute des copains dont la seule parole aura force de Loi et dont la piètre expérience devient « connaissance ».

Les parents, fatalement ringards, bien que rarement amnésiques quant à leur propre expérience (malheureuse ou non) de cette époque faste deviennent subitement obsolètes et tombent de leur piédestal : de « Dieu » dans le regard de leur enfant confiant, ils deviennent l’animal à abattre, la figure de l’autorité et de fait les « empêcheurs de tourner en rond » !
Cela a beau être le juste retour des choses, ça fait quand même mal !

Maman qui était tendre, douce et la meilleure donneuse de câlins, maman aux baisers magiques qui avait le pouvoir de tout comprendre, tout soigner, tout réconforter devient une ignorante dont le seul but est de ruiner la vie de son (ses) enfant(s).
Si, par hasard, le « presque encore un peu enfant » ressentait le besoin d’un dernier petit baiser maternel, il est devenu totalement exclu que ce « secret d’Etat » suinte en dehors de la cellule familiale. Hors de question de le ridiculiser devant ses copains par un tendre câlin le ramenant, de facto, au rang de bébé !... comme si l’amour maternel devenait un boulet !

Papa, figure de l’autorité parentale et du pouvoir absolu, devient l’ennemi, celui qui ne comprend rien, le « vieux » qui ne supporte pas que Jeunesse prenne son envol et quitte le giron familial ! (ben, il ne serait pas contre si « l’adulte » en face de lui avait l’âge requis.)
Papa qui oubliait son âge pour jouer au football ou lire un livre (en prenant des voix différentes et en jouant la scène), qui savait donner autant de câlins que de bons conseils, qui était « le plus beau, le plus grand, le plus fort » devient un « has been » qui n’a même jamais été jeune (ou il y a tellement longtemps qu’il a oublié !)

Dure est la déchéance parentale …
Car notre adulte – encore en courtes culottes – n’a ni l’âge ni les moyens de s’assumer et, malgré ses rêves d’indépendance, notre ado doit bien admettre que sans « sponsor », il lui sera difficile d’atteindre les sommets qu’il vise !
Défiant toute logique, il déclare donc sans hésiter que ses parents ayant fait le choix (ou la maladresse) de lui donner la vie, sont tenus de pourvoir non seulement à ses besoins mais également à tous ses désirs (sans doute pour se faire pardonner d’avoir eu l’égoïsme de le créer afin de le forcer à réaliser leurs rêves inassouvis ou d’avoir eu la bêtise de le mettre au monde sur une terre aussi stupide qui force l’être humain à travailler !)
Son idéal étant fatalement aux antipodes du nôtre.

Comment notre enfant pourrait-il imaginer nos rêves enfouis et oubliés sous la tonne de responsabilités que nous confère l’âge adulte ?

Comment pourrait-il imaginer nos sourires devant ses arguments qui furent les nôtres, nos rires parfois face à ses actes sans cesse réinventés qu’il croit originaux ?

Comment pourrait-il comprendre que notre mémoire se souvient et, qu’à bien des égards, il est tout pareil à nous … nous qui avions cru également transformer le monde, l’améliorer et qui, la queue entre les pattes, avons dû rentrer dans le rang et enterrer nos révolutions. Nous qui avons blâmé nos parents bien avant eux et qui , à notre tour, subissons le même sort.
« Tes enfants me vengeront » disait ma mère sous mon insolence et mes cris …

Comment pourrais-je en faire reproche à mon enfant alors qu’il ne fait que répéter ce que j’ai fait avant lui ?
Comment ne pas m’attendrir face à cet enfant qui me ressemble tant et réveille en moi le souvenir d’une petite fille qui lui ressemble tellement ?
Comment ne pas penser qu’un jour, pas si lointain, il se souviendra de moi – parfois avec tristesse, parfois avec émotion – car il se trouvera dans la même situation que moi et qu’à l’instar de moi, il regrettera tout ce qu’il me fait subir ?

Demain, mon ado, quand je ne serai peut-être plus là, tu comprendras , tu t’attendriras devant ton enfant et tu sauras alors toute la patience et l’amour que j’ai eu pour toi.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire