Tout le monde n’a pas ce droit, cette chance, ce cadeau !
Le mien a partagé mon berceau et c’est
aujourd’hui que je me rends compte que j’ai fait partie de ces rares
privilégiés qui ont reçu un ami irremplaçable, un frère, un jumeau … quelqu’un
qui sait tout de vous et qui vous aime quand même.
Que ce soit dans votre famille, dans votre
quartier, sur les bancs de l’école ou dans le cadre d’activités extrascolaires,
c’est un coup de chance (un coup de foudre amical) formidable d’avoir rencontré
un alter-ego – un autre moi - ou une personne qui vous complète au point que
vous ne fassiez plus qu’un ! Un ami unique et fidèle qui vous accompagne
jour après jour sur la longue route de la vie.
On sait intuitivement que seul la mort pourra
nous séparer car aucune autre personne (homme ou femme), aucun malentendu ne
pourra avoir raison de notre relation. Elle est trop solide, trop de longue
date ! Elle s’est bâtie sur la confiance dès les prémices de notre vie et
chaque journée passée ensemble à consolider l’édifice. Si les acteurs de cette
relation ont choisi la fidélité, l’honneur et la fraternité, cette amitié sera
indestructible.
La question ne se pose même pas « est-ce
un ami ? » ; c’est juste une évidence … On vit ensemble, on se
côtoie et on grandit ensemble tout simplement. On ne peut s’imaginer l’un sans
l’autre bien qu’on ait plus que probablement sa propre personnalité, son propre
caractère - il n’est pas nécessaire d’être semblable – on est lié « à
la vie, à la mort » et lorsque l’un des deux décède – quelque soit le
moment -, on est à jamais amputé d’une partie de soi.
Lorsque votre ami d’enfance part, c’est tout un
pan de votre vie qui l’accompagne, ce sont tous vos souvenirs communs qui
meurent avec lui. C’est un manque éternel qui reste dans votre cœur et auquel
vous aurez du mal à vous habituez : vous vivrez avec une souffrance qui ne
cicatrise jamais et c’est toujours avec émotion, joie et néanmoins tristesse
que vous vous rappellerez les moments passés ensemble. Perdre pareil ami vous
plonge à jamais en enfer.
Comme disait si bien Brassens dans sa chanson
« les copains d’abord », « Quand
l’un d’entre eux manquait à bord, c’est qu’il était mort, mais jamais au grand
jamais, son trou dans l’eau ne se refermait, cent ans après, coquin de sort, il
manquait encore ! »
Car il est des absences que rien ne comble …
Même la jalousie de l’entourage ne peut
entacher semblable amitié. Elle peut éventuellement séparer mais jamais
désunir : un véritable ami revient toujours et la fierté baisse pavillon
quand il s’agit de renouer des liens distendus mais incassables.
Les regrets d’avoir laisser pervertir cette
relation amicale sont les seules conséquences car l’ami retrouvé est enclin à
pardonner et accueillir. Tel que pour le retour de « l’enfant
prodigue », l’ami momentanément délaissé est prêt à tuer le cochon gras
pour fêter les retrouvailles !
Quelle joie lorsque l’on se retrouve d’évoquer
des moments qui ne sont qu’à nous, de rire aux bêtises faites ensemble et pour
lesquelles il y a prescription depuis longtemps !
Le plus gros regret est la perte de temps ainsi
induite car l’amitié dormait sous la cendre et renaît immédiatement comme si le
temps n’avait finalement aucune prise …
On se surprend à terminer la conversation
commencée des années avant et toujours gravée entre nos mémoires : le
temps a seulement suspendu son vol !
On a la crainte rétrospective d’avoir pris le
risque de n’avoir pas pu revenir à temps, de n’avoir pas eu le temps de
formuler l’affection que l’on se porte … car entre amis d’enfance, il n’y a pas
de mots d’amour, les actes suffisent et on ne prend pas la peine de verbaliser.
Devant une telle évidence, on omet de se dire
« je t’aime » et fréquemment, ce sont les premiers mots qui viennent
lorsqu’il est trop tard. C’est bien souvent devant la tombe de son ami qu’on a
le grand regret de s’être tu : certes, il le savait mais on a le sentiment
que, si on l’avait dit, les choses auraient été autres … on ressent cette
culpabilité de n’avoir pas eu la simplicité d’exprimer les élans de son cœur.
Généralement, on ne dit pas assez qu’on aime (et c’est pareil vis-à-vis de ses
parents, sa fratrie, sa famille), cette pudeur est ridicule … même si c’est un
fait établi, que c’est dans une suite logique, que c’est presque obligé ! Il
ne faut pas attendre l’irréparable pour parler … Soyons vrai et sincère surtout
entre amis, ne laissez pas les « non-dit » détériorer vos souvenirs
et faire naître des regrets !
Evidemment, cela fait envie ; cela peut
gêner surtout ceux qui n’ont pas la chance de bénéficier de ce genre de
relation et qui se demande « pourquoi pas moi ? » mais il oublie
une chose : avoir un ami d’enfance est un petit miracle, une joie immense
mais c’est aussi un trou béant en votre cœur si la vie vous reprend ce cadeau.
Cela demande aussi une disponibilité de cœur, une ouverture d’esprit que tous
ne possède pas.
Parfois, votre vie est assez remplie, votre
entourage assez présent pour que vous ne ressentiez pas l’envie d’aller vers
les autres et d’oser tenter d’offrir votre amitié à quelqu’un … car on est
souvent déçu : certains savent prendre mais pas donner ! Toute
relation doit être basée sur la confiance et un échange équilibré …
L’amitié est une fleur rare qu’il faut cultiver
avec amour et à laquelle on doit porter attention chaque jour, faire fi de son
propre intérêt en ayant soin de rester délicat pour ne pas blesser ou trahir …
tout le monde n’en est pas nécessairement capable !
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