lundi 28 décembre 2015

Un ami d'enfance


Tout le monde n’a pas ce droit, cette chance, ce cadeau !
Le mien a partagé mon berceau et c’est aujourd’hui que je me rends compte que j’ai fait partie de ces rares privilégiés qui ont reçu un ami irremplaçable, un frère, un jumeau … quelqu’un qui sait tout de vous et qui vous aime quand même.

Que ce soit dans votre famille, dans votre quartier, sur les bancs de l’école ou dans le cadre d’activités extrascolaires, c’est un coup de chance (un coup de foudre amical) formidable d’avoir rencontré un alter-ego – un autre moi - ou une personne qui vous complète au point que vous ne fassiez plus qu’un ! Un ami unique et fidèle qui vous accompagne jour après jour sur la longue route de la vie.

On sait intuitivement que seul la mort pourra nous séparer car aucune autre personne (homme ou femme), aucun malentendu ne pourra avoir raison de notre relation. Elle est trop solide, trop de longue date ! Elle s’est bâtie sur la confiance dès les prémices de notre vie et chaque journée passée ensemble à consolider l’édifice. Si les acteurs de cette relation ont choisi la fidélité, l’honneur et la fraternité, cette amitié sera indestructible.

La question ne se pose même pas « est-ce un ami ? » ; c’est juste une évidence … On vit ensemble, on se côtoie et on grandit ensemble tout simplement. On ne peut s’imaginer l’un sans l’autre bien qu’on ait plus que probablement sa propre personnalité, son propre caractère - il n’est pas nécessaire d’être semblable – on est lié « à la vie, à la mort » et lorsque l’un des deux décède – quelque soit le moment -, on est à jamais amputé d’une partie de soi.
Lorsque votre ami d’enfance part, c’est tout un pan de votre vie qui l’accompagne, ce sont tous vos souvenirs communs qui meurent avec lui. C’est un manque éternel qui reste dans votre cœur et auquel vous aurez du mal à vous habituez : vous vivrez avec une souffrance qui ne cicatrise jamais et c’est toujours avec émotion, joie et néanmoins tristesse que vous vous rappellerez les moments passés ensemble. Perdre pareil ami vous plonge à jamais en enfer.
Comme disait si bien Brassens dans sa chanson « les copains d’abord », « Quand l’un d’entre eux manquait à bord, c’est qu’il était mort, mais jamais au grand jamais, son trou dans l’eau ne se refermait, cent ans après, coquin de sort, il manquait encore ! »
Car il est des absences que rien ne comble …

Même la jalousie de l’entourage ne peut entacher semblable amitié. Elle peut éventuellement séparer mais jamais désunir : un véritable ami revient toujours et la fierté baisse pavillon quand il s’agit de renouer des liens distendus mais incassables.
Les regrets d’avoir laisser pervertir cette relation amicale sont les seules conséquences car l’ami retrouvé est enclin à pardonner et accueillir. Tel que pour le retour de « l’enfant prodigue », l’ami momentanément délaissé est prêt à tuer le cochon gras pour fêter les retrouvailles !
Quelle joie lorsque l’on se retrouve d’évoquer des moments qui ne sont qu’à nous, de rire aux bêtises faites ensemble et pour lesquelles il y a prescription depuis longtemps !
Le plus gros regret est la perte de temps ainsi induite car l’amitié dormait sous la cendre et renaît immédiatement comme si le temps n’avait finalement aucune prise …
On se surprend à terminer la conversation commencée des années avant et toujours gravée entre nos mémoires : le temps a seulement suspendu son vol !
On a la crainte rétrospective d’avoir pris le risque de n’avoir pas pu revenir à temps, de n’avoir pas eu le temps de formuler l’affection que l’on se porte … car entre amis d’enfance, il n’y a pas de mots d’amour, les actes suffisent et on ne prend pas la peine de verbaliser.
Devant une telle évidence, on omet de se dire « je t’aime » et fréquemment, ce sont les premiers mots qui viennent lorsqu’il est trop tard. C’est bien souvent devant la tombe de son ami qu’on a le grand regret de s’être tu : certes, il le savait mais on a le sentiment que, si on l’avait dit, les choses auraient été autres … on ressent cette culpabilité de n’avoir pas eu la simplicité d’exprimer les élans de son cœur. Généralement, on ne dit pas assez qu’on aime (et c’est pareil vis-à-vis de ses parents, sa fratrie, sa famille), cette pudeur est ridicule … même si c’est un fait établi, que c’est dans une suite logique, que c’est presque obligé ! Il ne faut pas attendre l’irréparable pour parler … Soyons vrai et sincère surtout entre amis, ne laissez pas les « non-dit » détériorer vos souvenirs et faire naître des regrets !

Evidemment, cela fait envie ; cela peut gêner surtout ceux qui n’ont pas la chance de bénéficier de ce genre de relation et qui se demande « pourquoi pas moi ? » mais il oublie une chose : avoir un ami d’enfance est un petit miracle, une joie immense mais c’est aussi un trou béant en votre cœur si la vie vous reprend ce cadeau. Cela demande aussi une disponibilité de cœur, une ouverture d’esprit que tous ne possède pas.
Parfois, votre vie est assez remplie, votre entourage assez présent pour que vous ne ressentiez pas l’envie d’aller vers les autres et d’oser tenter d’offrir votre amitié à quelqu’un … car on est souvent déçu : certains savent prendre mais pas donner ! Toute relation doit être basée sur la confiance et un échange équilibré …

L’amitié est une fleur rare qu’il faut cultiver avec amour et à laquelle on doit porter attention chaque jour, faire fi de son propre intérêt en ayant soin de rester délicat pour ne pas blesser ou trahir … tout le monde n’en est pas nécessairement capable !


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